samedi 23 juillet 2011

Mais...qui était vraiment Jim Morrison? 

Portrait subjectif




Pourquoi Jim Morrison? Peut-être parce que ce gars qui a tant alimenté la chronique, qui fait toujours autant fantasmer plus de 40 ans après sa mort soit-disant mystérieuse a bercé mon adolescence de visions psychédéliques en me faisant découvrir un autre genre de musique. Une autre façon de chanter, de parler, d'écrire et de mettre tout ça en musique que certains qualifieront parfois de "cacophonique"... (l'orgue de Ray Manzarek?)

On a tous vu le fameux film d'Oliver Stone, on l'a aimé ou détesté, et personnellement je l'ai adoré car, qu'on le veuille ou non, la performance de Val Kilmer est impressionnante.
Mais on le sait aussi, il n'était pas Jim, il a joué magistralement un ersatz de Morrison, fantasmé par Stone qui l'avait un peu connu à l'UCLA où ils étaient étudiants en cinéma et se fascinaient pour la Nouvelle Vague française...et surtout Godart.

Morrison est très loin du type qui ne fait que boire, provoquer, gueuler et sauter tout ce qui bouge. C'était une part de lui, c'est un fait certain.
Mais à la base il était fait pour être en retrait. Pour être derrière et pas devant. Pas sur scène. Il ne l'a jamais vraiment supporté. On pourrait croire le contraire quand on revoit les live des Doors et son incroyable charisme, mais ce que beaucoup oublient ce sont les premiers concerts où James Douglas Morrison (ben oui, c'est son vrai nom) chantait tout le concert dos au public tant il était paralysé par le trac. Il dira d'ailleurs un jour " Je peux me cacher derrière la musique".
Et ce trac ne l'a jamais quitté, il se voulait poète et se retrouvait rock star traquée, il se voulait discret et a fini par s'exposer plus que de raison pour correspondre à ce qu'on attendait de lui.

Il serait vain de nier que la célébrité lui est montée à la tête, vain de nier son penchant pour l'alcool et vain de nier qu'il était complètement " schizo" à ses heures.
Comme l'a très bien décrit Ray Manzarek dans " Les Doors, la Véritable Histoire", Jim devenait souvent Jimbo, ce personnage saoul, désagréable, imprévisible, le contraire de ce jeune homme discret, raffiné et extrêmement cultivé ( il possédait une bibliothèque des plus impressionnantes et connaissait par coeur tous ses livres)
Il basculait littéralement, comme beaucoup de gens sous l'emprise de l'alcool.

Mais mettons les points sur les i, ce n'était pas un "vrai" toxico, il a certes testé pas mal de substances; l'époque étant celle que l'on sait; la découverte du LSD, des amphétamines,de l'herbe et autres, mais comme Janis Joplin son vice était la bouteille et non la seringue.
Il était avec Pam, qui elle, effectivement est tombée dans l'héro, et c'est avec elle qu'il a quitté les Etats-Unis pour s'installer à Paris en 1971, laissant les autres membres de Doors amputés d'une partie d'eux-mêmes en plein enregistrement de l'album " L.A Woman". Il voulait du calme, il voulait écrire, il voulait redevenir celui qu'il avait toujours voulu être, un écrivain, un poète, un cinéaste.

Là bas il vit incognito rue Beautreillis dans le Marais, il a sa ballade préférée dans la capitale, personne ne le reconnait et il s'y sent bien. Il se remet à écrire mais force est de constater qu'il ne sera jamais reconnu comme tel, la puissance de ses apparitions au sein du groupe marqueront à jamais les esprits et il est dur de voir quelqu'un autrement qu'on voudrait qu'il soit.

Pour tout ceux qui ne connaissent que très vaguement le groupe, il serait intéressant de découvrir autre chose que "Light my Fire","Riders on the Storm" ou " Break on Through" même si ce titre fait quand même - directement référence aux "Portes de la perceptions" citées par Aldous Huxley (auteur du"Meilleur des Mondes")
Morrison à entrainé les Doors dans leurs derniers retranchements le jour il décide d'adapter à leur sauce le fameux Adadgio d'Albinoni en G mineursublime version d'un morceau on ne peut plus classique.
Il faudrait (re)découvrir le merveilleux " Yes, The river Knows" sur l'album Waiting for the Sun (1968)ou, pour les plus téméraires, tenter sa poésie pour mieux comprendre le personnage.
# Wilderness, C. Bourgois, cop. 1991, rééd. 2010.
# La nuit américaine, C. Bourgois, 2010.
# Arden lointain, C. Bourgois, cop. 1988.
# Une prière américaine et autres écrits, C. Bourgois (10/18), cop. 1988

Je crois sincèrement que Morrison était un punk avant l'heure, bien avant les premiers, bien avant le mouvement.
Il était un punk s'insurgeant contre les diktats d'une société qui le répugnait.
Il a dit un jour "J'ai toujours été attiré par tout ce qui traite de révolte contre l'autorité. J'aime les idées qui parlent de détruire et renverser l'ordre établi."

Il a été mal compris; souvenez vous de sa fameuse allusion oedipienne live " Father? Yes Son? I want to kill you. Mother? I want to fuck you all night long". ( Papa? Ouais fils? -Je veux te tuer! Maman, je veux te baiser toute la nuit!)
Évidemment, pris au premier degré, c'est choquant, surtout pour l'époque (Il y a eu bien plus choquant que ça depuis: Lou Reed se fixant sur scène ou Catherine Ringer "baptisant" son public avec ses tampons...usagés...)
Mais personne n'a compris qu'il parlait de quelque chose, qu'il évoquait la tragédie oedipienne, qu'il n'allait pas buter son père et sauter sa mère!
Ce meurtre symbolique du père le fera expulser de scène.
On parlera de plus en plus de lui.
La machine à gloire est lancée.

Sa mort, à 27 ans sera LE mystère rock du 20ème siècle, surtout quand on pense aux trois " J" tous morts au même âge (Jimi, Janis et Jim).
Une aura de magie noire et de chamanisme entoure ces événements d'un halo mystérieux.
Mais Morrison était malade, vie d'excès ( ok, Lemmy vit toujours, mais n'est pas Lemmy qui veut!)et manque de soins, sa santé s'aggrave et il décède dans un club connu de Paris.
Mille et une suppositions seront faites: il est toujours en vie mais se cache sur une île, il a été drogué par un mec dans les chiottes de la boite, il est mort dans son bain, il a piqué de l'héro à Pam et mal géré la dose croyant que c'était de la coke ( ben tiens!?)il y a des témoins mystères, Marianne Faithfull, encore junkie à l'époque était sur place, Agnès Varda (grande réalisatrice de la Nouvelle Vague et amie du couple Morrison)était là aussi...
Bref, Morrison a, je crois, fait une OD dans ce fameux club, a été transporté chez lui vite fait et plongé dans un bain froid comme on fait dans ces cas là et ça n'a pas marché.
Ça n'a rien de romantique, ça ne fait pas fantasmer.



Cette année un film que je rêve de voir et qui pour le moment n'est sur les écrans qu'en France retrace peut-être différemment la vie de Monsieur James Douglas Morrison; " When you're strange" de Tom Dicillo.
Ce dernier a pu récupérer des documents d'une grande rareté,des extraits de films réalisés par JM lui-même...entre autres...


Voici le lien direct du site:http://whenyourestrangemovie.com/
Si jamais vous le voyez avant moi...vous me raconterez?

Comment Patricia Lee Smith est devenue Patti Smith

Comment Patricia Lee est devenue Patti Smith 








En 2010 est sorti « Just Kids » sorte d’autobiographie retraçant la vie de Patricia Lee Smith et sa relation avec Robert Mapplethorpe photographe visionnaire dont l’œuvre sera ultra-controversée.
La première biographie en français sur Smith parait en 2010 également et « Dream Of Life », film de Steven Sebring qui suivi l’artiste durant onze ans fête ses 4 ans.

Et puis c’est l'une des mes artiste préférée, donc, je ME DEVAIS de tracer un petit portrait de cette grande dame, poétesse, mère, photographe, chanteuse, écrivaine, humaniste...

Elle nait à Chicago après la 2ème guerre mondiale et vite une enfance tour à tour normale, tour à tout difficile car elle tombe malade sans cesse.
Elle passera beaucoup de temps alitée à cause des grippes, oreillons, varicelle et autre rougeole, mais c’est dans cet espace, seule, entendant les autres enfants jouer dehors, qu’elle tombe amoureuse des livres, littéralement.
Elle les dévore, entre la prière-elle est issue d’un milieu très croyant-et son amie Stéphanie qui décèdera d’une leucémie, chose qui la marquera très fort.

L’adolescence est un peu ingrate, elle pousse d’un coup et ne ressemble ni a une fille ni à un mec. Elle se plonge alors dans le rock and roll, « le statut adolescent en 1961 ». Déjà elle dessine, elle écrit même si elle n’est pas douée.

Après sa scolarité elle entreprend des études pour devenir institutrice, chose qui ne la motive guère mais, c’est ça ou l’usine. Et l’usine elle y passera ! D’où le fameux « Piss Factory » qui sera sa vengeance, mais…chaque chose en son temps.
Elle tombe enceinte à 19 ans, par accident ; l’avortement est inconcevable et elle mènera sa grossesse à terme.
Impossible pour elle d’être mère, le « père » de 17 ans n’étant même pas au courant de la situation elle confiera sa fille à un couple voisin portant le même nom : « Smith »



Virée de la fac à cause de sa grossesse elle se fait embaucher dans une usine et pour s’évader, lit « Les illuminations » de Rimbaud. Ce simple geste sera à l’origine d’une de ses chansons les plus rageuses, comme je disais plus haut ; « Piss Factory »
Elle se fait pincer un jour en train de lire Rimbaud au lieu de travailler et se fera humilier par sa chef ; la tête plongée dans les toilettes…dont la chasse n’avait pas été tirée…

Au printemps 1967 elle fait le point et décide de tenter New York. Profondément confiante en son destin, persuadée d’être un jour une artiste ou la muse d’un artiste, elle fait son baluchon et quitte sa famille pour la Grosse Pomme.
Déconvenue immédiate, elle n’y trouve pas de travail ni de logement, dort dans les parcs et sur les bancs publics, son carnet de note en poche.

Evidemment elle n’a pas un franc, son billet pour NYC lui a couté tout ce qu’elle avait mais son amour pour Rimbaud grandit de plus en plus, elle en devient presque obsédée et quelque part, il la pousse à écrire, à devenir poétesse.
Voila, elle a trouvé ; elle sera « une » poète et fera tout pour y arriver.
Elle parcourt la ville avec son cv quasi vide à la recherche de n’importe quel job pour pouvoir manger, se fait embaucher dans un resto indien et se fera virer trois heure après pour avoir renversé une assiette de veau sur un client !
En attendant, épuisée, elle se ballade dans l’East Village où l’atmosphère est plus qu’enfumée et psychédélique mais elle ne comprend rien à tout ça.
Elle n’avait pas conscience de tout ce qui se tramait chez cette jeunesse là, la sienne ayant été faite de livres du XIXème et de prières ! Mais elle sentait « un truc dans l’air », que « quelque chose allait se passer ».

Soulagée de se faire embaucher dans un grand magasin de Manhattan au rayon bijouterie, elle y verra entrer un jour, un grand type qu’elle reconnait immédiatement ; c’est lui qui lui qui a partagé son repas alors qu’elle crevait de faim quelques semaine plus tôt ! C’est Robert Mapplethorpe.
C’est le début d’une sublime histoire d’amour qui ira au-delà le l’homosexualité de Mapplethorpe et qui durera jusqu’à la mort de ce dernier dans les années 80.



Il s’installent très vite ensemble, elle dessine beaucoup, lit énormément avec lui, ils découvrent les derniers albums de Dylan, découvrent la poésie Beat, récitent et re-récitent William Blake…Lui est profondément marqué par son éducation judéo-chrétienne et cela se ressent énormément dans ses premiers dessins et créations.
Il veut être peintre, elle veut être poétesse.
Il sera un des plus grands photographes du XXème siècle.
Elle sera la plus grande punk-rockeuse du XXéme siècle.

Patti et Robert emménagent au Chelsea Hôtel, lieu de tous les possibles, de tous les vices, de tout le bouillonnement du moment. Ils arrivent à louer une toute petite chambre en laissant leurs portfolios en gage, ce que le patron refusera tout d’abord.
Ils déménagent ensuite car l’espace manque à Robert pour travailler et le fric leur manque cruellement. Il ira jusqu’à se prostituer mais pas seulement pour gagner de l’argent, c’est une expérience qu’il doit faire. Homosexuel refoulé depuis des années, ce « mal » le tenaille de plus en plus et, c’est par ce biais qu’il se trouvera.
Patti en est malade, quand elle le voit « partir le soir » mais sent que quelque chose le ronge et, tout au long du chemin qui amènera Mapplethorpe à l’homosexualité assumée et acceptée, elle sera à ses côtés.

Ils s’aiment profondément et tous les deux ont peur de se perdre, mais elle se rend compte que physiquement il a trouvé sa voie même si sentimentalement c’est elle qu’il aime depuis des années. Elle vit des relations avec Sam Shepard, Tom Verlaine du groupe Television, lui rencontre Sam Wagstaff, collectionneur, fou d’art et de photographie et âge de 25 ans de plus que lui.

Sam et Robert vivront un amour immense, l’un apportant à l’autre ce qui lui manque, se complétant parfaitement. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le « trio » Smith-Mappelthorpe-Wagstaff fonctionne très harmonieusement ; ce n’est pas un trio classique, ils ne couchent pas tous les trois ensemble ! mais immédiatement Sam adopte Patti et vice versa.
Robert se lance enfin dans la photo après des années à dessiner, peindre, tenter de vendre ses œuvres par tous les moyens. Patti sera son premier modèle.



En attendant, il est lancé, poussé et soutenu financièrement par Wagstaff mais ne cesse de harceler Patti pour qu’elle chante. Ca ne la tente pas du tout et elle s'acharne sur ses carnets.
Elle ne s’est jamais vue dans un groupe de rock.
A ce moment, à la fin des sixties elle écrit pour des magazines rock ; Circus, Rolling Stones, Crawdaddy ; évidemment elle prend Baudelaire comme modèle car il a signé les plus grandes critiques d’art et de littérature du XIXème.
Ca lui plait mais elle est frustrée, Robert lui propose de lui trouver une lecture, un lieu où elle pourrait exploiter ses textes.
En attendant, grâce à son boulot de chroniqueuse elle rencontre des personnes intéressantes, dont un certain Lenny Kaye qui l’a touchée par sa façon chaleureuse d’écrire sur la musique.

Lenny travaille alors dans le bas de la ville en tant que vendeur dans une vieille boutique de disques, mais on y trouve tout. Elle passe souvent à la boutique et quand les clients sont rares, ils passent leurs disques préférés et dansent dans le magasin !
C’est le début d’une longue amitié et surtout de sa carrière de chanteuse.

Robert, pendant ce temps, n’oublie pas sa promesse et parle d’elle à Gérard Malanga, personnage hypnotisant de la Factory de Warhol, Factory qui est d’ailleurs en plein essor à ce moment avec la création du Velvet Underground.
Malanga fait une lecture à St.Mark’s Church et accepte que Patti fasse sa première partie.

Cet événement sera décisif pour la suite de la carrière de l’auteur de l’immense Horses, album clef, album magique empli de rage, de rêve, d’espoir et de liberté dont je reparlerai plus loin.

Bref, Smith doit se préparer et va trouver Lenny Kaye se souvenant qu’il gratte un peu ; elle lui demande « Tu serais capable de faire le bruit d’un accident de voiture avec ta guitare électrique ? » il réponds : « oui, sans aucun problème »
Kaye accepte donc de l’accompagner ce 10 février 1971, elle a 25 ans.
La soirée est exceptionnelle, complètement électrisée, Patti dédie ce moment à Rimbaud, ainsi qu’à tous les « criminel » de Caïn à Genet dira elle.
Ce soir là elle prononcera pour la première fois les vers commençant le poème « Oath » et qui seront maintes fois répétés au cours de sa carrière « Jésus died for somebody’s sins but not mine. » Le début de Gloria

Suite à cette soirée, elle sera bombardée d’offres de tous les côtés, on peut dire que…c’est parti !
Plusieurs lectures auront lieu, dédiées officiellement ou plus souvent officieusement à ses « maîtres », ceux qui l’inspirent ; de Jim Morrison à Bob Dylan qu’elle adule en passant par Wiliam Burrough, géant de la beat génération.
Elle sent qu’avec Lenny, ils peuvent construire quelque chose mais quoi ? comment ?
Ils pensent à un piano pour les accompagner dans leur structure musicale, ils décident d’entrer dans un style plus rythmique grâce aux poèmes pour leur permettre à tous deux de mieux improviser.
L’audition de Richard Sohl, 19 ans seulement se passe à merveille, il peut tout jouer.

Ils commencent à répéter en trio au printemps et joueront quelques fois avant d’embrasser la fameuse scène du CBGB, lieu Ô combien culte de l’époque où une multitude de bands feront leurs premiers pas.
Peu de temps après, en hommage à Jimi Hendrix, décédé très peu de temps avant, il décident d’enregistrer leur premier single « Hey Joe », un mélange de l’original et de « slam » à la Smith à l’Electric Lady, LE studio d’Hendrix.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette version, elle est facilement trouvable sur You Tube et personnellement je la trouve incroyable.

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L’enregistrement se déroule plus vite que prévu et il leur reste du temps, ils décident donc de faire « Piss Factory »
Elle dessine la pochette avec Lenny, ils baptisent leur label « La Mer » et pressent 1500 exemplaires de la démo. Ils vont ensuite les distribuer eux-mêmes dans les librairies, magasins de disques, pour 2dollars.
La machine est en route, elle enregistre dans la foulée « Horses » son plus bel album à ce jour avec des perles comme « Land » ou "Free Money".
La photo très connue de la pochette la représente apparemment simplement habillée d’un pantalon noir, d’une chemise blanche et d’une cravate noire, elle aussi.
Cheveux en bataille, androgyne, elle intrigue.

Ce look ne la quittera plus, il sera son uniforme, sa signature. Pour ce cliché elle voulait ressembler à Rimbaud, jeter négligemment une veste sur son épaule comme les hommes dans les films anciens, tout était donc très calculé.
Son regard défie le monde, il est interrogateur, hautain, confiant, perdu…tout cela à la fois.
Une pochette aussi simple qui continue de fasciner plus de 30 ans après.



On est en 2011, elle a plus de soixante ans, elle a vécu des drames, de femme, de mère, d’artiste et Steven Sebring a su capter tout cela dans son film génial « Dream Of Life » pour lequel il la suivra durant onze années, sa caméra vissée sur son épaule.


Elle aura un passage à vide de plusieurs années, après avoir perdu d’abord Robert, ensuite Fred (Sonic) Smith son mari et père de ses deux enfants.
C’est Bob Dylan lui-même qui la fera remonter sur scène pour plusieurs concerts en duo.

En 2007 elle sort « Twelve » un album uniquement composé de reprises, ou plutôt d’adaptations je dirais. Car elle arrive en même temps à transformer complètement une chanson tout en gardant la quintessence de l’originale, prouesse magistrale pour celle qui se bat aussi pour son pays, s’implique, continue à hurler aux jeune de se battre et s’insurge contre Georges W.Bush avec une ferveur que tout politicien devrait lui envier.

5PACK, le GROUPE BELGE QUI MONTE! l'interview 2010


5PACK

5PACK, L'INTERVIEW!







Pierre et Bee, vous jouez depuis environ deux ans ensemble, comment vous est venue l'idée de ce duo? pourquoi pas un groupe "classique" avec un batterie, une basse etc?

Bee:Au départ, on faisait de la musique "pour le fun". Du au manque de musiciens (et oui, on était que deux), j'avais programmé un beat sur mon ordinateur... Puis nos compos manquaient de basse, vu qu'a l'époque on jouait seulement de la guitare, je me suis mis au synthé, pour combler ce manque d'instrument. Après quelques répètes, on s'est dit qu'un groupe électro/rock serait vraiment cool... En plus de ça, c'est vraiment un genre qui monte en ce moment. On a composé, répété, jusqu'au moment où on a pu trouver NOTRE son... On ne se définit pas pour autant comme un groupe qui a inventé un genre, mais pour un groupe qui l'interprète à sa façon.

Pierre:Parce que on a justement pas eu envie d'être un groupe "classique", comme tant d'autres. On a tout simplement commencé à jouer ensemble par pur plaisir. On ne se connaissait pas super bien, mais ce qui était clair c'est que on était deux musiciens, chacun dans notre style (avec tout de même un répertoire assez commun ), et étant tout deux des addict de musique, c'était fun d'avoir enfin trouvé quelqu'un avec qui se défouler sur sa guitare, et partager un peu ce plaisir de jouer. On faisait beaucoup d'impro, de petites reprises,...bref, on faisait de tout. Jusqu'à ce jour où Bee me fit écouter ces 1eres compos. Là, je me suis dit "Waw" ca pèche ! Et on a continué dans ce style. C'était simple, nous étions deux, avec des idées qui se complétaient, on s'entendait bien, et notre musique semblait sortir du commun. Tout fonctionnait comme ca, pas besoin de bassiste, ni de trompettiste, ni d'orchestre philharmonique.

Vous composez tous les deux ou l'un de vous prédomine pour les mélodies, l'autre pour le chant etc? ou bien tout se fait à deux tout le temps?

P: Tout se fait à deux, mais pas dans le même ordre. Bee est la base de tout les morceaux de 5pack . Il a prit l'habitude de me pondre des compositions parfois tellement bien foutues que je n'ai rien à rajouter dessus. On se réveille un matin et "ho regarde ce que j'ai fais hier" (pendant la nuit, en train de dormir, ou sur le pot.. qui sait d'où vint son inspiration mais une chose est sûr, ca claque !). En général, il me propose donc une base de morceau souvent plus électro et moi, je complète avec mes idées, mon style souvent plus rock'n'roll.

B:A la base, je compose. Les paroles viennent de moi, et les beats aussi... Puis le reste vient en répète, Pierre propose ses mélodies de guitares ou de synthés.

Vous avez déjà enregistré plusieurs titres, vous avez un clip, une site...peu de groupes de votre âge ont déjà tout ça à leur actif...vous êtes millionnaires ou... vous avez les bon contacts?

B:Ben... Oui on est millionnaires...

Est-ce que pour vous, les paroles gardent beaucoup de sens dans l'électro rock, malgré que tout le monde n'y prête pas attention ou ne les comprennent pas mais se focalisent surtout sur le beat?

P: Il est clair que le sens des paroles n'a pas une si grande importance nous ! Ça ne veut pas dire qu'elles ne sont pas recherchées et faites n'importe comment mais là n'est pas l'essentiel de notre musique! Dans ce style qui est le notre c'est surtout l'énergie que l'on cherche à faire passer. Il en va de même pour certaines parties instrumentales, Bee et moi sommes 2 pianistes, et ce n'est pas en jouant du synthé électro que l'on exploite au mieux toute notre technique musicale (sauf bien sûr, quand nous jouons avec notre orchestre philharmonique, notre petit menuet demi-diminué en fa## (double dièse) mineur en guise d'introduction pour nous délier les doigts. On illustre d'ailleurs quelques passages avec cet orchestre dans nos projections sur "After All"). Mais l'intérêt n'est pas de trouver les choses les plus compliquées à faire, on cherche simplement à rendre dans notre musique cette ambiance, cette motivation, ce plaisir qui nous animent.

B:Bien sur que les paroles ont de l'importance, mais peut-être moins au niveau du sens (de toute façon, cherchez un sens a nos paroles, vous pouvez y passer des heures, c'est en général plusieurs idées qui nous viennent comme ca et non pas un texte suivit)... Ici, les paroles sont plus musicales qu'autre chose, le fait de dire un tel ou tel mot sonnerait comme telle ou telle note de synthé ou guitare... On joue plus sur la phonétique qu'autre chose !

Est ce que vous avez des" titres phares", des "bébés" sur lesquels vous avez bossé des mois et que vous adorez?

P:"Supersonic bang!" bien sur avec le clip. On y a pas bossé des mois mais, on l'a quand même bien ,travaillé, adapté pour le live etc. En général, nos bons morceaux sont ceux qui se font le plus vite. Ils sonnent bien directement, on s'étonne soi même d'être inspiré comme ca et donc on garde !

B:Je ne sais pas si on peut parler de "titres phares", mais Supersonic Bang est "LE" morceau du groupe (bien que, soyons clair, ce morceau m'énerve)... Je ne sais pas pourquoi, mais c'est celui qui a marché le mieux... Cependant mes morceaux préférés du moment sont "I'd like to pretend", "The only one", et "Money" qui est un peu plus commercial.

Justement une question par rapport à ce morceau; ça parle de quoi exactement, pour les gens qui n'ont pas encore vu le clip. et pourquoi ce titre?

B:Supersonic Bang... Ça parle d'un mec qui pète un cable... Plus le morceau avance, pire c'est, il se fait des films, ne sait pas quoi faire, et se renferme sur lui-même. Le clip relate un peu les paroles quand on cherche bien... Alors pour le titre, tu as de la chance, je n'ai encore jamais dis pourquoi... Tiens, d'ailleurs, je ne vais pas le dire !

Merci! Sympa! mais bon j'insiste pas! Questions suivante et bien bateau!; Quelles sont vos influences musicales? 

P:Je ne m'avancerais pas sur le fait que un tel ou tel groupe nous inspire directement, parce que, l'on essaye vraiment de faire quelque choses qui vient de nous. Mais, inévitablement, on peut retrouver dans nos compos des influences des groupes que l'on aime beaucoup tels que Rinoçérose , SoldoutGoose,Ghinzu , Jet et tant d'autres.

B:Ouffff... On a des influences de partout, c'est vraiment une question compliquée, parce que même inconsciemment, on "invente" certaines mélodies qui ressemblent fortement a d'autres groupes. Mais pour moi, Ghinzu , Soldout, ou encore MVSC (pour n'en citer que trois) ont toujours été de grosses influences.

Elles interviennent forcément dans vos créations ou vous essayez de vous en distanciez pour ne pas " plagier"?

B: Comme dit précédemment, on ne cherche pas a faire comme eux, mais en écoutant 5pack, on entend parfois assez bien qu'on aime ces groupes... On a beau essayer de se distancier, si un son ressemble à du Ghinzu , et qu'on aime ce son, on ne va pas le virer, on va peut-être l'intégrer autrement dans le morceau histoire d'avoir bonne conscience, mais on ne va pas pour autant abandonner le morceau alors qu'on trouve qu'il a de la gueule...

P: Comme je disais plus haut, on pense être dans un style, une ambiance musicale bien à nous, et c'est évidement très important pour nous.

Vous vous rendez compte que votre public compte surtout des filles? elles vous trouvent mignons, vous faites fantasmer, comment vous vivez ça ?


P: Et bien, On le vit bien ! Hein Bee ! C'est touchant quoi l'air de rien. Et rien que le fait d'être sur scène et voir l'énergie que l'on peut transmettre au publique, et les entendre ne pas vouloir qu'on descendent de scène, ca fait vraiment une sensation que si tu pouvais en prendre en seringue tu te piquerais tout le temps. Ça plait de plaire.

B:Les petites minettes de 14 ans nous aiment... A mon avis c'est grâce a la mèche de Pierre, à son rasage parfait et à son petit "de" dans son nom de famille ( rires) Non, plus sérieusement... C'est con, mais un public de minettes est un très bon moyen de se faire connaitre... Puis même, que le public soit composé de filles, de mecs, de jeunes, de vieux, ... Personnellement, je m'en fous, tant que c'est un bon public. J'aime rester en dehors de tout ça... Quand je joues sur scène, je suis dans mon "trip 5pack", après bah... Même si les filles nous courent après, on est 2 gars normaux après tout ;-)

Bon et pour ceux qui ne le savent pas, "5pack", ça vient d'où?


P:En gros, ca vient d'un auto-collant de solderie. On en trouve sur tous les articles qui se vendent par 5. Un pack de 5 cd, un pack de 5 chaussettes, un pack de 5 etc etc. Ici, ca vient d'un pack de 5 culottes (ou strings pour les intimes) que Bee a trouvé quelque part dans sa maison (probablement à sa sœur), il l'a collé sur sa guitare, et voilà. Moi j'ai pas de sœur donc j'ai fais de même avec les culottes de mon frère et c'est parti comme ca.

Si vous deviez faire la première partie d'un et un seul groupe, ce serait?

B:On va croire que je ne connais que ce groupe la, mais pour moi ce serait Ghinzu ... Ouais, ça me semble bien ça Ghinzu ...

P: Trop dur comme question! Faut que je réfléchisse un peu et me concerte avec Bee ... Mais MUSE à Wembley ça me semble être raisonnable! Un petit public sympa! rires.

Niveau actualités, vous en êtes où? Album, autre clip? Concerts?

P:Alors... Notre EP qui était sensé sortir depuis... (on ne compte plus) va enfin sortir, d'autres clips risquent fooooortement d'être tournés (assez vite, j'espère)... Puis voila, dès qu'on a des occasions, on les chope ! Au niveau des concerts, on cherche, sans arrêt, mais on sera le 23 octobre à Bouillon pour un bon gros set, en tête d'affiche après le tremplin Go-Up, puis le 20 novembre à Dongelberg.
 

Quand la mode et la musique s'envoient en l'air!


When Music and Fashion Have Sex!!! 








Ce n'est un secret pour personne, la mode, (ou plutôt les fringues) et la musique (ou surtout le rock) ont toujours été intimement liées.
Phénomène de mode justement,d'adolescence ou de besoin d'identification dans notre monnnnnde crueeeeeel? Décryptage d'une évidence qui n'a pas fini de croître;

Souvenez vous ou demandez à vos parents; il y un bail,lorque les Beatles outre-manche ou Johnny et sa joyeuse troupe de Salut les Copains ont déboulés avec leurs looks qu'on trouve aujourd'hui bien ringards, les "ados", terme assez nouveau à l'époque, se sont empressés d'arborer la banane (Elvis) les rouflaquettes (les Beatles) la frange ( France Gall-Françoise Hardy-Marianne Faithfull-Anita Pallenberg...) et pour les plus durs, le blouson de cuir ( James Dean,les Stones).

Aujourd'hui, en 2010 il y a tant de styles, tant de variétés de musiques différentes au sein d'un même genre ( Métal core, Métal Death, Métal black, Métal Heavy et leurs sous classes) qu'il est presque impossible de s'y retrouver.
Pourtant si il y a bien une chose qui nous différencie des autres, outre notre personnalité, c'est bien notre façon de nous vêtir; loin d'être superflue, la mode que l'on porte ou qu'on ne porte pas justement, dit beaucoup de nous aux autres.

Au début des années soixante, les choses étaient un poil plus simples car le rock naissait et revendiquait surtout des valeurs; liberté, jeunesse, plaisir; s'habiller "rock" à l'époque était surtout source de souci avec les parents, l'école,les flics...bref, un peu tout le monde jusqu'à ce que tout le monde s'y mette.
Les filles découvrent leurs gambettes, les garçons se laissent pousser les cheveux et ça ressemble à un chaos total qui nous paraît bien gentillet aujourd'hui.

Les hippies de Californie, avec leur Summer of Love de 1967 ( qui arrivera bien plus tard en Europe) chamboulent encore plus ces codes récents en créant littéralement un style hyper reconnaissable, indémodable pour certains- le style Hippie Chic des années 2000- qui nous permet de les repérer à 2km.
Cheveux longs et portés ultra naturels, no make up, no soutif ( hé ohh la libération de la femme!) vestes en peaux, sacs indiens et toutes les blouses, jupes, foulards d'inspiration ethnique possibles et imagniables.
Ils grattent tous un peu leur guitare et écoutent autant Hendrix que Neil Young ou DylanJoan Baezest une star, Janis Joplin l'emblême du style.

Ce sont les années d'or,les années des Who, de l'Airplane ou du Gratefull Dead.
Mais pendant ce temps se trame subrepticement une évolution tant esthétique que musicale.
Le jeune Lemmy Kilmister intègre Hawkwind; groupe ultra psychédélique pour lequel il écriraMotorhead juste avant de se faire virer.
L'Angleterre vit des heures sombres et la jeunesse déchante de plus en plus; le CBGB accueuille une toute jeune fille timide mais pas pour autant pudique qui "récite" ses poèmes accompagnée seulement d'un guitariste. Lenny Kaye et Patti Smith parcourent encore le monde aujourd'hui même si l'âge n'est plus le même, la rage est toujours là.
Naissance du punk, lentement mais sûrement.
Les hippies, leurs fleurs, leur amour sincère et leurs délires communautaires font grincer des dents. Il est temps que ça bouge; NO FUTURE est le cri de guerre de cette jeunesse rageuse et assoiffée de justice.
Berlin, Londres, Paris, New-York voient naître un mouvement jamais vu; ils font peur, ils portent des perfectos cloutés, des slims (skinny en anglais) noirs tellement serrés qu'ils dorment avec, des t-shirts à logo et des fringues rapiécées avec des épingles à nourrices.

Malcolm Mc Laren, visionnaire et malin sent vite que le vent tourne et qu'il est temps d'en faire quelque chose; il revient de New York où il a un peu bossé avec les New York Dolls et trouve leur look terrible.
Marié à la stylise Vivienne Westwood, ils ouvrent un magasin dans Carnaby Street; " SEX". Ils sont les premiers à s'inspirer de la rue, des jeunes qui y déhambulent pour allez acheter des 33 tours pour créer leurs vêtements.
Leurs clients s'appellent Johnny Rotten,Sid Vicious ou encore Chrissie Hynde.
Mc Laren crée les Sex Pistols et le fameux style punk qui revient en flèche depuis 2005.

Johnny Rotten, dans une interview récente disait son désolement pour ce mouvement.
Ils rapiéçaient VRAIMENT leurs pulls ou chemises avec des épingles parce qu'ils crevaient la dalle et n'avaient pas le choix. Tout est allé très vite,leurs fans se sont approprié ce style en déchirant exprès leurs vêtements neufs et allaient à leurs concert sans comprendre quoi que ce soit à leurs cris.

J'avoue je passe sur le disco... en fait je ne devrais pas car si on regarde d'un peu plus près le collection de fringues chez H&M, on pense tout de suite Amanda LearGrace JonesBonney M, le Studio 54, mais l'influence qu'aura ce type de musique, à part Abba, sera des moindres par rapport à d'autres genres.

Le mouvement punk ne durera pas longtemps, il fera place à la new wave des années 80, on peut y intégrer Joy Division qui n'est ni punk ni new wave mais Ian Curtis avait un style d'assistant social même sur scène. On retrouve le style chemise blanche , mini cravate noire et cheveux courts chez OMDqui démarre en flèche à cette époque, début de la musique électronique.
Mais le rock n'a pas dit son dernier mot car depuis quelques temps certains groupes plus hard commencent à faire parler d'eux.
Le hard rock ou "pré-métal" fait son apparition; et là c'est un pléiade de chevelus en cuir, des vrais durs à cuire qui débarquent, touchant un public plus sélectif.
Le perfecto est plus large, le jean un peu moins serré, les bottes de motard ( et tout l'attirail du motard parfois) sont la panoplie idéale du hard-rocker.


Iron Maiden
 et Motorhead en chef de file inspireront plus que jamais ces ados que sont James Hetfield ou Lars Ulrich du fond de son Danemark natal.
Metallica ravage tout en 1983 avec ses riffs ultra rapide et sa batterie inimitable; le heavy métal est né. (d'après certaines sources, MAIS, il a déjà une vie antérieure avec Black Sabbath ou Venom)
Le rock est agressif, vengeur, sexy. Des tas de groupes suivent et s'opposent mais les années 80, niveau style sont plutôt bancales. Entre les purs rockeurs qui ne lâcheront pas leur cuir et la nouvelle vague du fluo on est en plein crash stylistique (Ahh la new beat!)
Kim Wilde est une enfant de l'amérique,Robert Smith se peinturlure la g.... et ravit les petits gothiques, chez nous Sandra Kim hurle qu'elle aime la vie et gagne l'eurovision en 1986, pas de style propre aux eighties comme dans les décennies précédentes.

Le phénomène va s'accentuer,car les styles musicaux vont de plus en plus se diversifier et mis à part certains genres très underground qui ne toucheront pas la masse, il faudra attendre le tout début des années 90 pour voir arriver un vent nouveau venu de Seattle.
Récupération du punk, mouvement, engagement, tout a été dit et redit sur le grunge et Kurt Cobain. Toujours est-t-il que peu de jeunes ayant vécu leur adolescence à cette époque on échappé au jean 501 troué (sans les épingles à nourrices), aux pulls informes, au "no style" et parfois aux cheveux gras.
Sans le vouloir il a imposé un genre mille fois copié et imité mais un poil récup.

Le grunge est incontournable à cette époque même si Massive Attack devient un groupe planétaire ou que Cabrel sort son énième album.
Tout le monde s'y colle, Kate Moss a 16 ans et en devient l'emblème même avec ses pubs pour Ck One de Calvin Klein.
Les créateurs de mode embrayent immédiatement, les défilés sont remplis de filles à mines patibulaires,déambulant avec des fringues anti-sex au possible.
Réaction au "trop" des années 80? trop de maquillage, trop de bijoux, de couleurs, bref, de féminité agressive?

L'ère est monacale, les couleurs sont sobres, autant que les coupes, les maquillages minimalistes, ont voit apparaitre pour la première fois le concept du "nude" ( teint, yeux et bouche beiges) qui passe à peine en photo.


Mais comme la mode se démode et que c'est même son principe (dixit Karl Lagerfeld) le vent tourne et la gentille pop anglaise débarque, mi nonante, avec Blur et Oasis dont le chanteur repique la coupe Mc Cartney époque Beatles.
Les filles assurent,Spice GirlsetAll Saints s'affichent hautes en couleurs et font se trémousser les ados un peu partout dans le monde.

Evidemment, pendant ce temps il y en a qui ne changent pas, qui évoluent oui, mais qui à eux seuls influent des concepts et des idées, MadonnaBowiePatti Smith,Michael Jackson lanceront plus des styles qu'il ne suivront les modes. Et c'est pareil dans leur art.
C'est là qu'on voit apparaitre Britney ...Madonna y est forcément pour quelque chose, même sans le vouloir.
Et on est en plein boum " nana", entre AguileraLopez et consort, ce ne sont plus que jeans taille (très) basse, nombrils percés, cheveux décolorés, extensions et tutti quanti.
On est en plein commercial, ça fait le bonheur de certains mais le malheur des autres.
Ces autres qui iront voir ailleurs ayant l'impression de revivre la vague Boys Band ( oui, j'ai évincé lesNew kidsTake That,j'avoue!)

On en arrive presque à aujourd'hui, mais, à l'aube de l'an 2000, le paysage musical s'est ultra démultiplié, on peut, de près ou de loin connaitre les influences d'un groupe.
Il est aussi de ces artistes intelligents qui brouillent les pistes, Marylin Manson n'est ni gothique, ni métalleux, ni rock, mais une sorte d'Oscar Wilde post-appocalyptique qui réunit à ses concert tous les styles confondus ( croyez-moi, j'y étais:)


Aujourd'hui, entre l'adjectif "rock" qui qualifie un peu tout et n'importe quoi ( je suis rock, j'ai du vernis noir, je suis rock, je mets du Chanel avec un jean, je suis rock, je suis rock je commande des paniers bios...) et le concept Emo, j'avoue, je suis un peu paumée.
Un mec qui a une gratte et un slim ne joue pas forcément du rock, il est peut-être rock-pop-électro-noise? Une nana qui porte un perfecto n'est plus forcément punk mais fait ..peut-être du Carla Bruni, seule avec sa guitare. (d'ailleurs, Madame Sarkozy, avant de le devenir, portait du cuir hein, faut pas l'oublier!)

En conclusion je dirais malgré la propension à la dispersion pour les ados ou moins ados d'aujourd'hui, l'avantage est qu'il n'y a plus UN modèle, plus UN style a avoir ou pas. Chacun, chacune peut se retrouver ici ou là en fonction de sa personnalité.
Ca a du être dur d'être un métalleux dans l'âme à l'époque de Dylan...
Mais un mec qui a une âme Dylanesque aujourd'hui trouvera sûrement son bonheur, sinon...qu'il achète Blonde on Blonde!
 

Métier : Ingé son- L'interview!


Métier: ingé son; l'envers du décor 

Interview de Ludo






Bonjour Ludo, alors, peux tu te présenter pour les lecteurs
de SMA?


Je m'appelle Ludovic Sirtaine, j'ai 30 ans et je suis... ingénieur du son et musicien.


Et tu te considère plus ingé son ou musicien?


Mmmh...plutôt ingé son vu que c'est mon activité principale et que c'est autant une passion que la musique. C'est la musique qui m'a donné envie de faire ce métier, à 16 ans c'était déjà décidé.

Et tu es ingé son depuis combien de temps?


Bientôt six ans, officiellement.


Ça t'es "venu" comment exactement? En dehors de ta passion pour la musique?


Quand j'étais ado je pense, ma passion pour la musique m'a poussé à chercher un moyen de gagner ma vie dans ce milieu. Et il y avait vachement plus de chances d'y arriver comme ingé son que comme musicien, en Belgique en tout cas.

Tu as démarré comment dans le secteur?


J'ai commencé par faire le son au magasin4 à Bruxelles trois à quatre fois par semaine.
C'est là que je me suis vraiment fait la main.
Après tout n'était qu'un question de rencontres et d'arriver à se " créer" les opportunités.
Ce qui veut dire au début, chercher à s'incruster partout, le plus possible, dans tous les festivals, concerts etc..pour se faire connaitre et ..harceler les gens au téléphone ..(rires)


Et est ce que tu as une préférence quand tu mixes? Un style musical de prédilection?


Ce n'est pas tant le style qui est important à mes yeux ( et oreilles...rires) mais plutôt cette catégorie de groupe ou des musiciens qui prennent réellement leur pied en jouant, qui vivent leur musique, quelle que soit leur façon de la vivre.
Ca peut être parfois bien plus intense d'entendre ou voir un mec seul à la gratte complètement habité qu'un autre qui saute partout et ne dégage aucune vraie énergie.


Et quelles sont les conditions idéales pour toi? Pour faire un bon mix?


Le matos évidemment ( rires) mais surtout de prendre du plaisir à faire le son, que la " matière" que m'offre le groupe soit de qualité, des bons musiciens qui maîtrisent techniquement ce qu'ils font. Ça ne veut pas dire que ça doit forcément être complexe mais " en place".

Pour toi, quelles sont les qualités requises pour être au top dans ce type de job?
Un conseil pour quelqu'un qui aurait envie de se lancer par ex?


Hmm... il y a beaucoup de choses, il faut toujours être vif, tant d'esprit que physiquement, rester alerte, avoir une bonne capacité de communication et parfois savoir interpréter correctement la vision qu'ont les musicos de la musique qu'ils font.
Avoir un sens artistique car il ne suffit pas de "faire passer du son" pour faire un bon mix, c'est au delà de la technique.
Ensuite je dirais...devenir membre du groupe à part entière le temps d'un concert et avoir une bonne endurance et condition physiques.


Alors, la question piège!
Si tu pouvais choisir n'importe quel groupe, ancien et actuel, tu peux m'en citer deux, avec lesquels ce serait le pieds total de bosser, tu dirais?


Ahh c'est difficile comme question ça!


Ben oui! C'est le but ( rires)


Je dirais...Pink Floyd pour les "anciens " et le " Symphonic de Metallica "
Pink Floyd parce qu'à leur époque ils ont expérimenté tout un tas de choses assez novatrices au niveau du son et ça aurait été super enrichissant de pouvoir participer à ça!
Quant à Metallica , ça reste un groupe énorme et le plaisir de mixer un groupe aussi puissant aurait pu être combiné avec toute la complexité que représente la sonorisation d'un orchestre philharmonique.



Et si tu devais choisir le meilleur et le pire des moments que tu aies vécu dans ton boulot? Oui je sais...C'est dur aussi!


Alors, le meilleur je crois que c'est lorsque j'ai fais les retours du groupe ENSIFERUM ( du metal scandinave) au Coliseum de Charleroi; à la fin du concert, ils sont tous venus me remercier en me disant que c'était le meilleurs retours qu'ils avaient eu sur toute leur tournée et ça...wouaaaah..
C'est pas juste une question d'ego même si c'est très flatteur, mais souvent les groupes ne pensent pas à remercier les techniciens d'avoir oeuvré à ce que leur concert se passe bien. Heu...ou tout court en fait! (rires)


Et le pire?


J'hésite entre la fois où j'ai failli mourir dans l'effondrement d'un chapiteau de 1200m² (en cours de montage, il n'y avait encore personne en dehors des techniciens heureusement) ou bien celle où on s'est battu jusque à la dernière seconde pour empêcher une énorme poche d'eau de tomber sur notre distribution électrique (à cause d'une bâche pas fixée) c'était lors d'un festival...

Et sinon toi, en tant que musicien, tu fais quoi? Raconte!


Alors, je suis surtout bassiste, depuis mes 13ans. J'ai joué dans Atroxentis et blött et actuellementShargath.

Shargath? C'est quel style?


C'est du métal aussi mais fort influencé par la vague qui tourne autour de Meshuggah , avec des structures assez complexes.


Et sinon j'ai un projet solo aussi, Ethereal Mind qui est plutôt un mélange de plein d'influences; noise, electro,metal indus, où je fais tout; les voix, les synthés, les progras...


Et tu as des projets de concerts bientôt?


Avec mon projet solo c'est pas à l'ordre du jour mais avec Shargath on sort le troisième album et on fera un showcase en novembre à l'Os à Moelle à Bruxelles.

Et des projets en tant qu'ingé son?


Oui là je pars en tournée européenne avec Djevara, un groupe anglais qui monte de plus en plus, ça risque d'être une très chouette aventure et sinon, je peaufine mon studio de mix perso et d'enregistrement mobile


Heu...tu peux expliquer ton studio d'enregistrement mobile?

J'ai investi dans du matos afin de me permettre de me déplacer chez les groupes et de pouvoir les enregistrer, que ce soit pour une démo ou un album entier.
Comme je n'avais pas les moyens de construire un véritable studio avec locaux insonorisés, ça me semblait la meilleure solution.
De plus, ça permet de travailler dans des budgets plus facilement accessibles pour la majorité des groupes.



Et pour la fin...quel serait TON album de chevet et pq?


Heu....je dirais Tool , l'album Lateralus...
Parce que la production de cet album est énorme et aussi parce qu'il combine parfaitement l'énergie que je recherche dans la musique avec le côté planant qui peut me faire voyager.






Mais qui était vraiment Nico?



Mais qui était...Nico? 

Portrait d'une icône




Mais qui était vraiment...Nico?


Déjà...c'est une femme. Où plutôt c'était.
Une des plus belles femmes du siècle dernier, au même titre que Bardot, Monroe ou Romy Schneider...mais Bardot était actrice, Marylin et Romy aussi.
Qui était vraiment Nico, cette grande allemande blonde et longiligne qui fascina tant Wharol qu'il la colla littéralement dans les pattes du Velvet Underground, son groupe à l'instar de Malcolm Mc Laren et sesSex Pistols ( et oui, les vrais boys band ont existé avant les Backstreet Boys!). Chanteuse, actrice, musicienne, muse, mannequin, mère d'un des fils de Delon...

Née le 16 octobre 1938 à Cologne, elle arrête tôt l'école pour travailler comme mannequin, c'est d'ailleurs un des photographes de l'époque qui l'affubla de ce surnom, «Nico» alors qu'elle s'appelle en réalité Christa Päffgen. Elle part pour Paris où elle travaillera comme mannequin pour les plus grands magazines jusqu'à la fin des années 50.

Grâce à quelques brefs passages à la télévision, elle rencontrera Federico Fellini qui lui offrira un petit rôle dans la Dolce Vita. Après cette expérience, elle part pour New York où elle suit les cours d'acting deLee Strasberg ( ce qui est quand même pas rien hein! Parole de comédienne)

Elle vit dans New York, époque du Chelsea Hotel et de toutes ses folies, elle est belle, elle est jeune et elle en profite. Elle rencontrera un type dont elle tombera folle amoureuse mais qui la plantera après à peine trois nuits.
Neuf mois plus tard elle donne naissance à Ari.
Ari, son fils unique qui portera le nom de sa grand-mère paternelle; Boulogne. La mère d'Alain Delon. Ce dernier ne le reconnaitra jamais malgré la ressemblance plus que troublante qui les unit.


En 1964, Nico rencontre Brian Jones, des Rolling Stones , et enregistre son premier titre, "I'm Not Sayin", pour le label Immediate de Andrew Loog Oldham.
Elle rencontrera ensuite Andy Warhol et commencera à travailler pour lui; La Factory ou « usine » était un concept complètement novateur et utopique mais... je ne m'étendrai pas sur le sujet puisqu'elle fera l'objet d'un autre article!

La seule chose dont il faut tenir compte ici c'est que la Factory était un lieu d'expériences en tous genres, mais surtout au niveau cinématographique. Andy expérimentait, testait, filmait avec son acolyte Paul Morrisey. Il n'a pas juste lancé le pop art. Ses films sont sûrement aussi déjantés que lui, mais ça vaut le coup d'y jeter un oeil; avec Joe Dallessandro comme acteur principal je vous dirais de regarder« Flesh ».

Bon, j'en reviens à Nico sinon je m'égare, comme d'habitude et je saute tant du coq à l'âne que je vais en arriver à parler de Mozart!
Après sa rencontre avec Warhol, celui-ci la présente au tout nouveau, tout beau, tout jeune Velvet Underground.
Composé de Lou Reed, John Cale, Sterling Morrison et Maureen « Moe » Tucker , la bande se retrouve avec une chanteuse qui n'en est pas une...
Warhol s'est dit que ce serait plus attirant mais n'a pas pensé à sa voix.
Qu'on aime ou pas, Nico possède une voix plus que grave, gutturale, monocorde presque sans aucune inflections.

Ils enregistrent cependant le premier album «The Velvet Underground and Nico » qui sort en mars 1967, un des albums les plus influents du XXème Siècle, malgré le flop total lors de sa sortie.
Trop choquant pour l'époque; les ballades évoquant l'univers des drogues dures et des perversions sexuelles, sont souvent marquées par des expérimentations sonores avant-gardistes.
La groupe se sépare rapidement de Nico et de Wharol pour se lancer seul et avoir la carrière qu'on connait. Sans oublier les merveilleux albums solo de Lou Reed...(Ahhhh Transformer!!!) mais je m'égare à nouveau!



Nico a souvent été vue comme une ravissante idiote opportuniste et surtout camée à mort.
Mais, après le Velvet elle a pourtant enregistré six albums et s'est produite en concert pendant vingt ans.
Encouragée par Brian Eno et surtout John Cale, elle se lance seule et son premier album solo, « Chelsea Girl », composé de morceaux de Dylan, Tim Hardin, Jackson Browne et quelques membres du Velvet, sort fin 1967.

Son deuxième album, « The Marble Index », produit entièrement par John Cale est beaucoup plus personnel, Nico a écrit tous les textes ainsi que la musique et y joue de l'harmonium, instrument qui deviendra sa marque de fabrique.
Quatre albums suivront entre 1970 et 1985.
Si il y a bien un morceau à « découvrir » c'est la reprise de « The End » des Doors, ça vous donnera l'envie d'en entendre plus ou... plus du tout.
Nico fait partie de ces personnes qu'on hait ou qu'on adore. Pas de juste milieu, pas de tiède.
Passion ou glace.


Sa carrière d'actrice semble au point mort mais elle fera une rencontre importante durant les seventies; Philippe Garrel, réalisateur français très underground, deviendra son mentor, son amant, et elle; sa muse, sa femme, son actrice, le centre de son univers.
Il la fera tourner dans sept de ses films, dont « La Cicatrice Intérieure » en 1972 , chef d'oeuvre d'avant-garde où son fils Ari apparaît également.

Elle sombre peu à peu dans l'héroïne comme tout le monde le sait et n'en sortira jamais, elle décède d'une hémorragie cérébrale suite à une chute à vélo à Ibiza en 1988.

Si vous désirez en savoir plus sur Nico, le documentaire « Nico Icon", film documentaire biographique germano-américain réalisé par Susanne Ofteringer, avec les témoignages de quelques proches de « l'icône » et d'artistes underground ayant collaboré avec elle est vraiment génial.



Et pour ceux que ça tente aussi; sa discographie:

1967 : The Velvet Underground and Nico
1967 : Chelsea Girl
1969 : The Marble Index
1970 : Desertshore
1974 : The End
1981 : Drama of Exile
1985 : Camera Obscura

Compils:

1998 : Nico : The Classic Years
2002 : Innocent & Vain - An Introduction to Nico
2003 : Femme Fatale - The Aura Anthology (qui reprend Drama of Exile avec des bonus inédits)
2007 : The Frozen Borderline - 1968-1970 (qui reprend The Marble Index et Desertshore avec des bonus inédits)
2008 : Le Cinéma De Gainsbourg Musiques De Films 1959-1990 

Music's Inspiration


Music Inspiration! 







Je ne sais pas trop ce qui m'a pris aujourd'hui, sans doute une overdose de bonne musique... mais, toujours est-il que j'ai eu envie d'écrire sur la musique et son énergie, le pourquoi du comment, les influences de certains artistes qui ne les cachent pas...etc, un très grand ETC...

Pour commencer, je ne vais pas revenir aux origines, aux premiers sons, mais à l'influence indéniable de la musique classique sur des très grands artistes du XXème siècle, pour ne pas le citer, Serge Gainsbourg n'a jamais nié le fait que Chopin, Dvorak ou encore Brahms soient à l'origine de plusieurs de ses opus; écoutez bien les instrus du très controversé à l'époque "Lemon Incest", ou encore le premier mouvement de "Initales BB", "Babe Alone in Babylone" ou encore "Jane B" chanté par Jane Birkin en 1969.
Il fut parfois qualifié de "pilleur de haut vol"... mais peut-on remettre en question l'immensité de son talent, de son art, malgré ses pillages assumés? Il est de ceux qu'on adore ou qu'on hait. Mais quel que soit notre camps, il reste unique et sublime.



Concernant la musique classique, elle est aussi source d'inspiration de nombreux groupes de metal ( si si!!) et alors que certains ados (ou moins ados), cheveux longs, fringues noires et dégaines de "métalleux" s'évertuent à headbanger sur des riffs rapides et violents, d'autres ont vite capté queSepulturaAcceptChildren of BodomDream Theater et bien d'autres reprennent carrément des passages de certains mouvements symphoniques de Beethoven, Tchaikovsky, Vivaldi et j'en passe, pour introduire le morceau, pour les solos, interludes etc...
Et ils ne s'en cachent pas! (ce serait dur) D'après certaines études le rapport entre la musique classique et certains types de métal serait beaucoup plus évident qu'on ne le pense. Même dans la construction d'un morceau! Et puis... souvenez vous de ce grand moment: Metallica et son orchestre symphonique en 1999... si je ne me trompe pas.



Bon, assez de musique classique, passons au rock, ou punk rock à proprement parler; celui que je préfère.
Il fallait que je la cite: Patti Smith qualifiée parfois de "première prêtresse du punk" est à l'origine une nana qui n'a rien à voir avec la musique! Elle rêvasse dans sa chambre, vient d'un milieu très modeste et est nulle à l'école, sa mère écoute des chants religieux et c'est par ce genre de musique, entre autres, qu'elle sera bercée durant son enfance. Elle a un premier choc quand, en 1964, elle découvre les Stones à la télévision; ils sont en train de jouer le fameux " Time is on my side"... elle dira de ce moment: "Ils m'ont enflammée à leur torche. J'étais gelée, rougissante. Ce n'était pas de la musique d'un petit garçon à sa maman. C'était alchimique. Je ne comprenais pas la recette, mais j'étais prête. L'amour aveugle pour mon père, c'est la première chose que j'ai sacrifiée à Mick Jagger"...
Elle a tout juste 16 ans et son avenir c'est... l'usine. Elle y fera un court passage, qui donnera plus tard l'énorme "Piss factory" où elle règle ses comptes avec les humiliations répétées qu'elle vivra là-bas (pour la punir de ne pas bosser assez vite, ses deux patronnes lui plongent la tête dans les WC... la chasse n'ayant pas été tirée...)
C'est à cette époque qu'elle découvre, par hasard, "Les Illuminations" de Rimbaud.
Orgasme cérébral absolu dont elle ne se défera jamais. Elle découvre sa poésie, sa prose, sa vie, elle devient folle de lui, veut être lui, s'habille comme lui.
Il sera, avec d'autres artistes comme Bob Dylan, Jagger ou Jim Morrison, son ultime source d'inspiration.



Car non, elle n'est pas chanteuse, et non, elle n'est pas musicienne. Mais elle a autre chose en elle.
Ses démons, ses cauchemars qu'elle dessine ou écrit pour les " chasser de sa tête" et un potentiel créatif hors du commun.
Et surtout une bonne dose de culot qui fait qu'elle rencontre les bonnes personnes au bon moment dans un New York en pleine effervescence. Elle commencera par réciter ses poèmes et finira en transe, accompagnée à la guitare par un Lenny Kaye qui ne fait pas de "musique" mais suit les intensités vocales et l'énergie du texte.

Elle sera repérée par les grands de la beat génération de l'époque, William Burroughs, Allen Ginsberg, aura les amants que l'on connait; l'immense photographe Robert Mapplethorpe, Sam Shepard, Tom Verlaine (!)
Fascinée par l'histoire, la peinture, la photo, elle admire Jeanne d'Arc, les poètes maudits, Edith Piaf, Genet... un curieux mélange assaisonné par la peinture de Jackson Pollock.
Elle deviendra cette femme, mère, rockeuse, citoyenne du monde engagée, photographe, peintre que les gens peuvent découvrir à travers le sublime «Dream of Life» de Steven Sebring qui l'a suivie et filmée durant onze années...



Fin de la parenthèse Smith... place aux autres et non moins talentueux artistes qui ont su puiser dans les ressources infinies de la musique, l'inspiration nécessaire à leur art.
Qui, par exemple, n'a pas repris Brel? Il a été chanté, rechanté, copié des milliers de fois, sans qu'aucun n'arrive à sa cheville... à part, peut-être, ceux qui ont eu l'audace de transformer radicalement ses chansons tout en gardant la quintessence originelle... Noir Désir et son furieux « Ces gens là» qui suinte, hurle et dégage la même rage que le titre original sans que l'on puisse comparer ne fut-ce que trente secondes Jacques Brel et Bertrand CantatDavid Bowie reprend, en 1970, «Le port d'Amsterdam», ici intitulé «Amsterdam»...
Si vous l'avez entendu, vous ne pouvez nier ni la ressemblance, ni la dissemblance de ces deux morceaux.

Ensuite, si vous vous souvenez un peu de l'époque punk, enfin, de son apogée en Angleterre vers 1977 avec les Clash , Siouxie and the Banshees, les Sex Pistols of course... vous vous rappellerez sûrement de ce jeune mec dégingandé dans son costume blanc ( mais lacéré à la punk; épingles à nourrices et sigles douteux...) crachant un «My Way« qui avait déjà été repris maintes fois mais qui n'avait jamais choqué à ce point. Sid Vicious, deuxième bassiste des Sex Pistols réussit là un prouesse incroyable pour moi.
Reprendre Sinatra(ou plutôt Paul Anka) et nous en mettre plein la vue et les oreilles, sans savoir ni réellement chanter, ni jouer de la basse non plus d'ailleurs...
Tout serait alors question d'énergie et juste ça ? No comment, cela fera sûrement l'objet du prochain truc que je pondrai.

Mais du coup je pense aussi à Nina Haggen, qui ne s'est pas contentée de marquer la fin des années 70 et une bonne partie des années 80 avec son maquillage de dingue et son comportement psychotique, mais qui a aussi repris «My Way» dans sa langue natale, et même... l'Ave Maria.
Une extraterrestre comme elle, avec une voix pareille, une tenue pour faire le tapin qui entonne ce chant là... forcément, ça bouscule.
Comme quoi, tout est bon pour l'inspiration.



Comme Genet ou Rimbaud ont su inspirer Patti, comme Metallica a su inspirer des tas de groupes de metal, comme Brel, Brassens auront pu inspirer des tas de groupes anglais, eux même savent nous inspirer à leur tour, et autant l'assumer, l'accepter et en faire un atout. Qui ne serait pas content d'être source de créativité pour autrui?